23 juin 2004

Le petit bonhomme en mousse
Lundi soir, 21 juin. voilà l'été et c'est donc la fête du bruit. J'ai rencontré Rachi pour de vrai. oui, enfin, j'étais aussi ému qu'une jeune vierge au bal des pompiers. Elle est plus grande que moi, et ça me fait bien marrer. Je me mets sur la pointe des pieds pour lui faire la bise. J'adore son parfum, léger, discret, fleuri comme un cerisier du Japon. On est passé de groupe en groupe, s'arrêtant ici ou là sur des airs sud américains.

J'ai invité Rachi à dîner, et quand elle arrive, toute gênée, merci j'ai pas faim, et la soupe, comme ça, maintenant, non, ça va.

Rachi adore dire "non". C'est une spécialité. A force de dire non, deviendra-t-elle "nonne"? Elle a manqué son dernier train pour le pôle Nord, elle a donc dû passer la nuit sur ma banquise. On s'est frôlé, j'avais très envie de l'embrasser, mais je m'y suis pris comme un figurant dans la série "Premiers Baisers". On a dormi chacun dans sa chambre. J'étais claqué, je me suis endormi très vite, elle n'a pas fermé l'oeil. C'est vrai que le salon, avec toutes ces loupiotes et ces ondes électro-magnétiques, c'est un peu la foire du trône. De mon côté, j'ai dû ronfler et péter toute la nuit, je me suis réveillé avec des balles de ping-pong sous les paupières et un rat crevé dans la gorge. Je suis grillé auprès d'elle pour le restant de mes jours.

Faut-il faire une croix sur Rachi? J'ai pour ma part passé un très bon moment, après tout, c'était la première fois qu'on se rencontrait vraiment. J'ai l'impression de connaitre Rachi depuis des années. On a joué au jeu surréaliste du dico, elle est tombée sur "bénarde", qui est une sorte de serrure. Rachi est fermée à double tour. J'aime quand elle sourit.

Mardi, repas express au jardin des plantes avec Elodie, ex-spice girl et qui squatte mon imaginaire depuis 2 jours. Blonde, yeux bleus, ongles bleus, plutôt replette, elle porte très bien l'auréole de lumière. Elle connait Horst Tappert et Simone Garnier, 2 bonnes raisons de lui faire des bisous. Elle parait super saine et joyeuse, j'aimerais bien ravager l'intérieur de son corps. Elle m'a dit qu'elle avait un copain, je me souviens plus pourquoi elle s'est sentie obligée de le dire, je ne l'avais pas encore demandée en mariage. Elle est en couple depuis 5 ans, mais ça n'a pas l'air de marcher super fort. Trop peu de temps pour développer, ça me laisse des points d'appui pour la suite. Délicieux moment. A 3 minutes de se quitter, j'ai lancé le sujet sur le hasard et les coïncidences, sujet bateau qui a toujours son petit succès. Elle aurait voulu poursuivre cette conversation. Et elle va pas être super dispo dans les prochaines semaines. Aïe. Une autre fois peut-être? risqué-je avec un sourire BA, mon sourire de scout.

19 juin 2004

Chiquita
Week-end à Paris. Seul. Probablement le dernier. J'essaie d'apprécier, d'être infidèle à Sandy. Mais je ne parviens même pas à tromper mon ennui. Je suis sorti acheter une montre chrono, et finalement, j'ai acheté 2 ampoules au BHV. Au sous-sol, une femme m'interpelle "hep, Monsieur, est-ce que vous vous occupez des installations électriques?" Qu'est-ce que c'est que cette question. T'es qui, toi? tu fais quoi? Sur ce, je lui dis que je suis pas du BHV, et que je m'appelle POLO (parce que c'est écrit en gros dans mon dos). 1 heure après, direction Go sport à République, toujours pas de montre chrono en vue, je me fais à l'idée de la commander à télé-shopping, avec le rénov'plastic offert. Une femme de 50 ans, maghrébine, m'arrête : "les vêtements femmes c'est où? -par là-bas (nom de Zeus, moi c'est POLO!!!). Je dois ressembler au vendeur standard de chez Darty, le renard des grandes surfaces. Exemple :si le soir, à 20h45, je promenais Dyson, mon aspirateur 1200W, ça choquerait personne. Les gens me prendraient pour une moto-crotte. Sans la moto.

Rachi a eu la très mauvaise idée de partir ce week-end, faire du bateau sur le bassin d'Arcachon. Elle me l'a dit au téléphone. Oui, directement dans mon oreille. Elle a une voix suave, plutôt grave, avec une pointe de sophistication parisienne, un peu blasée, mais là, j'en fais des caisses, elle a une voix à tomber par terre. Xavier dit que Rachi a une tête à aimer la bite (d'amarrage ? non, même pas...). Je n'en sais rien, Rachi est pour moi un point d'interrogation. Sexy, le point d'interrogation. A en faire des lignes entières sur un cahier du soir. J'ai dû mal à imaginer la forme de ses seins, du grain de sa peau, la carnation de ses lèvres, son goût. Mal à l'imaginer nue abandonnée, j'imagine juste la plage qui va avec. Histoire platonique tonique.

15 juin 2004

Filthy and gorgeous
Retour en France, un petit paquet de jours écoulés. Je prends mes marques à Paris, mon stage démarre bien. Etudes de satisfaction. Il serait temps d'apprendre à Sandy que taux de satisfaction et taux de fidélité n'ont rien à voir. Ca me plaît. Mon boss m'a demandé de trouver les adresses e-mails des directeurs marketing de 50 compagnies aériennes. Deux jours. Sans acheter de fichier, c'est carrément mission impossible. Il m'a conseillé d'y aller avec patience et finesse, comme on pêche à la mouche. En 14h de taf, ça fait : 3,5 noms à l'heure. Essayez, vous verrez : impossible de cibler une personne, juste "contact@compagnie.com". C'était un test. Alors j'ai crée un fichier excel tout bête qui génère tout seul 20 adresses à partir d'un nom et d'un prénom, récupérés sur Yahoo finances. Et le tour est joué. Aucune entreprise au monde ne crée d'e-mails au hasard pour ses collaborateurs : il faut bien que clients et collègues puissent identifier la personne. Et en général, on utilise le prénom et le nom, combinés de différentes façons. J'en ai trouvé 20, il doit y en avoir d'autres. J'ai déniché comme ça au moins 3 contacts par compagnie, au lieu d'un seul. Allez boss, viens voir papa.

Aujourd'hui, il y a une femme dingue qui est entrée dans l'immeuble. Elle criait et tapait contre les murs. Je ne sais pas comment ça s'est terminé, elle est ressortie je crois, et puis plus rien. Cette après-midi, mini-boulette. Je vois un chien entrer dans le bureau, pas de laisse. Je me lève, "attends, c'est quoi encore ce truc", je parle assez fort, et une petite mémé entre. "Hi!", c'est la femme du patron. L'archétype de la retraitée américaine, celle-là même pour qui le reste du monde travaille comme une bête, oui, celle qui détient plus de la moitié du CAC 40. Bronzée orangée, le visage tendu par le bistouri, elle est affligée d'un nez grotesque, pas encore refait, il tombe littéralement, son nez, comme une bistouquette. Ce qui trahit l'âge de la vieille, c'est son odeur. Elle sent les feuilles mortes, qui pourrissent, une odeur aigre de vieux bouillon. Avec la chaleur, elle fermente.

Côté myocarde, c'est un peu la chamade, mais comme d'habitude je m'enflamme tout seul. J'ai 14 ans, je sais que ça se voit pas, mais j'ai 14. Jeudi dernier, je monte dans l'ascenseur avec une nana super jolie. Yeux verts, cheveux chatains, taches de rousseur. Même en bronzant à travers une passoire, elle est sexy. Je demande à la minette si elle connait des coins sombres où courir à l'ombre. Elle me dit que non, qu'elle est pas du coin, qu'elle habite même pas là, peut-être place des Vosges, gling (déjà ?!), merci, et sourire provincial. Déduisant qu'elle allait ressortir un jour où l'autre, je décide d'aller acheter une rose. 3€ la rose, pas vraiment fraiche en plus, mais bien emballée : une rombière végétale. Tant pis, pas le temps, on dirait que ça gène le fleuriste que je lui achète sa camelote honnêtement invendable. Bref, vive Paris ; je retourne au 8ème étage, griffonne un papier "rien ne sert de courir..(tourner la page) après vous" signé rifffff-rafffff@caramail.com.

J'ai aussi adapté mon fichier Excel de façon à retrouver une personne à partir de ses prénom et nom. Premier essai aujourd'hui, pour retrouver Elodie, que j'ai rencontrée la semaine dernière au bureau. Elle est belle comme un cornetto à la fraise. C'est rigolo de voir 500 adresses en copie cachée.

Rachi, enfin, ah (soupir*), Rachi. C'est pas gagné d'avance. On se parle beaucoup moins, on est de plus en plus distant à mesure qu'on se reproche. J'ignore si c'est du trac ou de la lassitude. Du lassitruc ?!

01 juin 2004

Little Pea
Dix jours sans écrire une ligne. Je me prépare à mon dernier exam ; les premiers résultats sont tombés et je vais être border-line. Toute petite marge de manoeuvre, je chope la moyenne sur les écrits, mais moins de 60%. C'est pas le Pérou, juste passable. Je ne suis pas très optimiste pour la suite. ctrl+alt+suppr.

J'ai verrouillé ce blog par mot de passe, pendant ces deux dernières semaines de diète verbale. Marre de me faire traiter de tarlouze. Marre qu'on me parle de ce blog "attends, tu peux pas dire ça, dans ton blog tu dis que...alors comme ça, tu es...pourquoi ci, pourquoi ça". Stop. Blog tabou. Je sais : "A chaque vis, son tournevis". Mais je ne suis pas une armoire Ikea, ce blog n'est pas mon mode d'emploi. C'est juste un petit pont. Accélération. But.

Côté coeur, je suis clairement amoureux de Rachi, je ne devrais pas l'écrire, elle va le lire, j'aurai l'air con, et toi, l'autre, tu vas l'enregistrer et me faire chanter. Amuse-toi à ça et je te dévisse la tête pour te chier dans le cou. J'ai parlé davantage avec Rachi en 2 semaines qu'avec Sandy en 5 mois. Mais Rachi n'est pas du genre à tomber amoureuse comme on tombe d'une chaise. Elle fait trop attention pour cela, pas de place pour l'accident, elle contrôle l'affaire. Fluctuat nec mergitur.

Lundi dernier, j'ai dû travailler toute la nuit pour rendre un test d'operations management, et elle a traversé la nuit avec moi. Comme ça. Par gentillesse. On se parlait pas, à peine 5 minutes par heure. Mais elle était là, petite veilleuse orange.

Le soir, on fait des parties de Literati (clone de Scrabble), comme un vieux couple de vieux. Elle est redoutable, me sort des "ridules" "boréales" de son "escarcelle". Elle connait plein de mots comme ça, c'est un festival. Elle m'a sorti un "vernaculaire" de derrière les fagots, comme ça, comme un Château Margaux. Si Rachi perd à Literati, elle a un gage :
"Rachi, tu dois me raconter une histoire. Un truc clean, pas sessuel, ok?
-ok (...) Il était une fois un eunuque..."

Côté jardin, j'ai "rencontré" Anne-Sophie sur Internet, 26 ans, maman, tatouée, en invalidité pour cause de dépression. Elle s'en sort. A suivre.

Voilà. Plus que quelques jours ici. J'ai hâte de retrouver la France et la vraie vie : bouger, bosser, baiser. Whitefields me manquera sans doute un peu, mais je sature, comme lorsqu'on reste trop longtemps au lit, tout engourdi, poil au kiki. Ici, tout est trop parfait, trop lisse et policé, rien ne dépasse. Je veux voir de vraies gens !, des gueules cassées, des allées mal entretenues, des maisons délabrées, des chiens qui boitent, des chats pelés et des canards claqués. Sweet home.