15 juin 2004

Filthy and gorgeous
Retour en France, un petit paquet de jours écoulés. Je prends mes marques à Paris, mon stage démarre bien. Etudes de satisfaction. Il serait temps d'apprendre à Sandy que taux de satisfaction et taux de fidélité n'ont rien à voir. Ca me plaît. Mon boss m'a demandé de trouver les adresses e-mails des directeurs marketing de 50 compagnies aériennes. Deux jours. Sans acheter de fichier, c'est carrément mission impossible. Il m'a conseillé d'y aller avec patience et finesse, comme on pêche à la mouche. En 14h de taf, ça fait : 3,5 noms à l'heure. Essayez, vous verrez : impossible de cibler une personne, juste "contact@compagnie.com". C'était un test. Alors j'ai crée un fichier excel tout bête qui génère tout seul 20 adresses à partir d'un nom et d'un prénom, récupérés sur Yahoo finances. Et le tour est joué. Aucune entreprise au monde ne crée d'e-mails au hasard pour ses collaborateurs : il faut bien que clients et collègues puissent identifier la personne. Et en général, on utilise le prénom et le nom, combinés de différentes façons. J'en ai trouvé 20, il doit y en avoir d'autres. J'ai déniché comme ça au moins 3 contacts par compagnie, au lieu d'un seul. Allez boss, viens voir papa.

Aujourd'hui, il y a une femme dingue qui est entrée dans l'immeuble. Elle criait et tapait contre les murs. Je ne sais pas comment ça s'est terminé, elle est ressortie je crois, et puis plus rien. Cette après-midi, mini-boulette. Je vois un chien entrer dans le bureau, pas de laisse. Je me lève, "attends, c'est quoi encore ce truc", je parle assez fort, et une petite mémé entre. "Hi!", c'est la femme du patron. L'archétype de la retraitée américaine, celle-là même pour qui le reste du monde travaille comme une bête, oui, celle qui détient plus de la moitié du CAC 40. Bronzée orangée, le visage tendu par le bistouri, elle est affligée d'un nez grotesque, pas encore refait, il tombe littéralement, son nez, comme une bistouquette. Ce qui trahit l'âge de la vieille, c'est son odeur. Elle sent les feuilles mortes, qui pourrissent, une odeur aigre de vieux bouillon. Avec la chaleur, elle fermente.

Côté myocarde, c'est un peu la chamade, mais comme d'habitude je m'enflamme tout seul. J'ai 14 ans, je sais que ça se voit pas, mais j'ai 14. Jeudi dernier, je monte dans l'ascenseur avec une nana super jolie. Yeux verts, cheveux chatains, taches de rousseur. Même en bronzant à travers une passoire, elle est sexy. Je demande à la minette si elle connait des coins sombres où courir à l'ombre. Elle me dit que non, qu'elle est pas du coin, qu'elle habite même pas là, peut-être place des Vosges, gling (déjà ?!), merci, et sourire provincial. Déduisant qu'elle allait ressortir un jour où l'autre, je décide d'aller acheter une rose. 3€ la rose, pas vraiment fraiche en plus, mais bien emballée : une rombière végétale. Tant pis, pas le temps, on dirait que ça gène le fleuriste que je lui achète sa camelote honnêtement invendable. Bref, vive Paris ; je retourne au 8ème étage, griffonne un papier "rien ne sert de courir..(tourner la page) après vous" signé rifffff-rafffff@caramail.com.

J'ai aussi adapté mon fichier Excel de façon à retrouver une personne à partir de ses prénom et nom. Premier essai aujourd'hui, pour retrouver Elodie, que j'ai rencontrée la semaine dernière au bureau. Elle est belle comme un cornetto à la fraise. C'est rigolo de voir 500 adresses en copie cachée.

Rachi, enfin, ah (soupir*), Rachi. C'est pas gagné d'avance. On se parle beaucoup moins, on est de plus en plus distant à mesure qu'on se reproche. J'ignore si c'est du trac ou de la lassitude. Du lassitruc ?!