09 janvier 2005

Sotto le stelle del jazz
Angoisse du dimanche soir, orchestrée par Yann Tiersen et ses bidouillages mélanconiriques (Rue des cascades ; tout est calme). Lorsque j'avais 12-13 ans, le dimanche soir donnait lieu à un rituel qui faisait marrer mon frère : vers 22h30, je vomissais. Une fois, deux fois, trois fois, bonjour les dégâts. Je détestais le collège et tout ce temps perdu à toujours refaire les mêmes choses. Tu l'as toi aussi remarqué : chaque année, tout le premier trimestre est réservé à ce qui a été vu l'année précédente, ce qui fait donc une année pleine de perdue au bout de 4 ans. Bref, je détestais l'école ; on pense que c'était de la phobie scolaire, mais le mot n'était pas à la mode à l'époque. Alors on s'est rabattu sur une dépression ordinaire, mais précoce.

J'ai envoyé des cartes de voeux à une vingtaine de personnes, seules deux ont répondu. Soit la politesse est l'apanage des vieux, soit je suis un être abject ou insignifiant. Au choix. Je supporte mal l'indifférence.

Rachi est partie pour Colmar et son Jules tout neuf (enfin, je crois) lui a rendu une visite surprise. Classe (j'attends les détails ;)) Encore merci Rachi pour ta fine analyse de ma petite personne, extraite des "Histoires à dormir sans vous" de Jacques S. Bien vu. Ma soif de rencontres, "just for the sake of it". Ma recherche de l'idéal féminin à travers toutes ces filles dont je tombe amoureux, sans forcément chercher l'acte sexuel (à quoi bon? et puis, mieux vaut un peu connaître la personne avant d'en abuser et de la dégrader). Tout y est.

Mon projet de la semaine (ben oui, je suis en vacances pour 2 mois) : préparer ma page perso de présentation, à l'attention de futurs recruteurs. Difficile d'éviter les lieux communs (cf Trainspotting : "votre principal défaut ? -le perfectionnisme") (****grrrrrr, je viens de marcher sur mes lunettes en voulant attraper le dico.****'tain, qu'est-ce qu'elles foutaient par terre???****enfin, bon, le métal est super malléable****ou alors je suis super costaud**** Bon, il y a bien 2 "n" à perfectionnisme, fermons la parenthèse et trève de digressions).

Alors voilà, en faisant cette page pour "agrémenter mon employababilité", je m'aperçois que 1) je suis le mec le plus banal du monde. 2) je n'ai absolument pas envie de me bagarrer pour un emploi avec tous ces louveteaux affamés (oui, les mêmes que ceux qui répondent pas aux cartes de voeux). Pourquoi se battre pour un boulot qui me soulera au bout de 2 ans ? Qui voudrait de moi ?

En fait, ma page est une sorte de blog, en français, en anglais et peut-être en allemand. T'as vu, les blogs font un tabac. Tout le monde en parle et en a un (même Alain Juppé !), il s'en crée un toutes les 7 secondes, bienvenue dans la blogosphère, le biotope de "myopinion.com" (voir Le Monde du 5 janvier 2005).

En me regardant le nombril avec méthode, j'ai fini par voir que mon salut viendrait du détachement. Détachement matériel et affectif. Marre de regarder la télé. J'ai dû passer 10 heures à fixer cette satanée lucarne ce WE. J'ai totalement arrêté le hasch, l'alcool et le tabac il y a bien longtemps. Je devrais pouvoir éteindre la télé-opium-des-peuples. Voilà pour le matériel.

Niveau affectif, je vais arrêter de tomber amoureux toutes les 15 minutes car je vais succomber à un infarctus (ce qui est moins sexy qu'une brunette). Dernier coup de blues du myocarde : Anika. Jolie comme une poupée, elle ressemble à la Bardot des sixties. Y a quelque chose dans son sourire qui me donne tres envie de croire au coup de foudre. Il y a quelque chose dans ses yeux qui me donne envie de m'y noyer. Deux mois a lui tournicoter autour pour finalement comprendre que son coeur est deja pris. J'aurais du faire un hold-up.

"Un éclair... puis la nuit! — Fugitive beauté
Dont le regard m'a fait soudainement renaître,
Ne te verrai-je plus que dans l'éternité ?

Ailleurs, bien loin d'ici ! trop tard! jamais peut-être !
Car j'ignore où tu fuis, tu ne sais où je vais,
Ô toi que j'eusse aimée, ô toi qui le savais !"

[Baudelaire, les Fleurs du Mal, A une passante]


Ces jours-ci, j'ai une sorte de crise de foi. Je me sens un peu mystique. Je lis "La foi, ou la nostalgie de l'admirable" de Bertrand Vergely, éd. Espaces libres. Cet essai est très convaincant, quasi-jubilatoire, même si ce normalien ne peut s'empêcher d'être super-académique. Dans un passage (page 44), il distingue foi et croyance. "La foi est un substantif. Croyance est un adjectif substantivé. Cela affirme déjà une distinction. La foi a quelque chose de tranchant, de net, de défini. La croyance a quelque chose de fluide, de doux, de vague. (...) On (ndlr : le croyant) s'attache à tout un réseau de représentations et d'images, d'habitudes et de gestes. Ce que l'on ne retrouve pas dans la foi. En elle, pas d'image, pas de représentations. Mais plutôt un lien fondamental à des affirmations posées comme fondamentales. Une fidélité aussi, en l'invisible. Au delà de toute image."

Plus loin (page 46) : "il y a dans la foi une rigueur que l'on ne retrouve pas dans la croyance. La preuve, dans le christianisme, le Christ est venu annoncer la foi et non la croyance, en situant l'humanité face à une responsabilité fondamentale, celle de croire ou non. (...) Un verset de la Bible rappelle que l'homme a le droit de commettre tous les péchés, sauf un : croire qu'il n'est pas d'essence royale. Profonde sagesse. Car c'est bien cette dignité royale qui nous rend humains. Quand on se sait roi, ne se comporte-t-on pas comme tel ? Et quand on l'a oublié, n'est-ce pas souvent le début de toutes sortes d'actes indignes?(...) Nietzsche n'était pas croyant. Mais il a longuement réfléchi à la mort de Dieu, en concluant que son humanisation en était la cause, l'humain de Dieu dans le monde occidental ayant, selon lui, étouffé le divin de Dieu.(...) Il faudra un jour que nous nous apercevions que notre rapport à la foi est malade, parce que la croyance a envahi ce rapport. Ou pour le dire autrement, parce que l'humain a tué ce qu'il y a de royal en l'homme."

Révérence.

05 janvier 2005

2005 : a space odyssey

Plus de 6 mois sans écrire une ligne ! Tu m'as manqué un peu, beaucoup, mais faut pas pousser... Deux mille cinq démarre en fanfare : tandis que l'Occident éructe d'aise, l'Asie vomit les morts par milliers. Surtout n'oublie pas mon petit soulier.

La météo ressemble de plus en plus à n'importe quoi, de quoi alimenter légitimement la vacuité ordinaire des conversations faciles. Y a plus de saisons ma petite dame. On va finir par aller skier au 15 août, etc.

L'aide internationale se met en place, mais rencontre de graves problèmes de coordination. J'ai une amie psychologue, Ada, qui va peut-être partir avec la croix rouge. D'après ses consignes, elle doit s'occuper uniquement des ressortissants français. Les dons affluent, et chaque star ou entreprise donatrice est citée, souvent sur plusieurs chaines et journaux. Top of the pops spéciale générosité. Bonne opération de PR.

Qu'en sera-t-il dans un an ? Dans 10 ? Il va falloir reconstruire... Dans cette zone de plus forte croissance mondiale, peut-être trouvera-t-on assez facilement les crédits et les grandes entreprises de construction. Qui sait ? Et peut-être ces entreprises seront elles-mêmes des entreprises japonaises, européennes et américaines... une sorte de plan marshall 2005 en Asie. Financement et reconstruction clé en main. Et donc une dette qui s'alourdit encore, ce qui garantit un contrôle/mise sous tutelle de la Banque mondiale pendant encore quelques années. Le temps de construire quelques jouets électroniques et quelques paires de Nike. Surtout n'oublie pas mon petit soulier.