21 mai 2004

Caramel prisoner
Surprise ! Rachi a eu sa webcam en avance. Je suis content de constater qu'elle n'est pas un mec de quarante ans tout poilu. Brune, pas potelée, petites lunettes rectangulaires et robe très sage : "laissez le charme agir" sans arrondir les angles,ok ?

"Si tu étais une île, tu serais quoi?
-flottante"
Et là j'ai fondu. Quelque chose serait-il donc en train de se passer? CDI à peine en poche, elle devient déjà actionnaire de ma petite entreprise ? En ce moment, je ne connais pas de crise.

C'est vite dit. Je n'ai pas fini mon jogging, il y a deux jours. Violente douleur dans la poitrine, au côté droit. J'ai dû m'arrêter. Je suais abondamment. J'ai voulu prendre mon pouls. Impossible. Trop mal au bras, de l'épaule jusqu'aux doigts. Une douleur lancinante, viscérale. Je regarde : mon bras a disparu !

Mon bras droit a disparu ! Il s'est évanoui et je n'ai rien senti. J'ai mal. Mais je ne saigne pas. Il m'est difficile de voir la plaie, mais il n'y a même pas de sang et la manche de mon jumper est coupée nette. Mais pas coupée comme avec un couteau ou des ciseaux, coupée nette nette nette.

La douleur me lance, j'en ai les jambes qui tremblent. Envie de pisser dans mon short en coton. Je me retourne, cherche par terre : rien. Mon moignon me fait mal, j'y jette un oeil (et fais en sorte de le garder). Rien. Pas de sang. Pire : du vide. Comme si on avait enlevé le bras d'un bonhomme Playmobil, sauf que le Playmobil, c'est moi et que c'est beaucoup moins drôle depuis quelques minutes. En fait, il n'y a pas de "cratère" ou de plaie, mais un disque lisse couleur chair, légèrement brillant, un peu comme une capsule en plastique, rigide et incarnée, au niveau de l'acromion. Pas de sang. J'approche mon index. La douleur me lance à nouveau. Pure douleur. Incroyable. Un cauchemar éveillé. Mon coeur va exploser, j'ai envie de crier, des larmes coulent, on dirait du sang.

Je fais quelques pas, les yeux fermés, inspire, expire, calme-toi ; de la main gauche, je prends mon pouls, calme-toi, inspire, expire, et mon rythme finit par décroître doucement. Je suis concentré. Abdos bloqués. Je suis en train de rêver, je vais me réveiller. La douleur s'estompe. Je sens à nouveau mon bras, je sens des fourmillements. Tout cela a duré 30 secondes. Dans mes yeux, clos avec fermeté, je vois une gerbe d'étincelles dorées. J'ouvre les yeux, et, merde alors !, mon bras est bien là, à nouveau là (oui, entre mon corps et mes doigts). Soulagement. Je me sers la pince. Enchanté de vous connaitre. Voulez-vous être mon bras droit?

Convaincu qu'il s'agit d'une hallu (fatigue, effort, déshydratation), je décide d'en rester là et de n'en parler à personne.

Après 5 mois d'efforts, j'ai pratiquement perdu toute ma graisse superflue, sauf à la ceinture. Mission impossible. Je rêve d'abdos tellement bien dessinés que je pourrais tenir un crayon avec. Inamovible petite brioche (qui ressemble en fait à un muffin...bizarre).

Explication. J'ai un bassin large, le bassin d'un mec d'1,90m. Sauf que j'ai 15 cm de moins. Un bassin large, c'est top pour porter les bébés. Pour moi, la probabilité est nulle ou presque (On m'aurait menti? Je veux parler au(x) responsable(s)!) Un bassin large, c'est bien aussi pour la marche : bon équilibre, insertions tendineuses facilitées. Bref, mes ancêtres devaient être des chasseurs accomplis, capables de traquer le tricératops sur de longues distances. Ou de sacrés froussards, pour échapper au vélociraptor sur de plus longues distances. I am a Survivor.